Les milices houthies soutenues par l'Iran ont ordonné lundi aux institutions financières locales de geler les fonds et les actifs d'une grande banque privée au Yémen, un jour après que des membres du groupe ont pris d'assaut un manoir à Sanaa appartenant à un homme d'affaires local. Citant une ordonnance judiciaire, la banque centrale contrôlée par les Houthis à Sanaa a demandé aux banques locales et aux sociétés de change de prendre des mesures contre Tadhamon International Islamic Bank (TIIB), une banque commerciale appartenant au groupe Hayel Saeed Anam, un conglomérat familial yéménite. Les Houthis n'ont pas motivé la décision de justice, mais des responsables et des économistes yéménites ont déclaré que le groupe souhaitait mettre le secteur privé sous son contrôle dans les territoires qu'il dirige et collecter des recettes fiscales pour financer ses activités militaires. En novembre de l'année dernière, la TIIB a été contrainte de fermer ses opérations à travers le Yémen à la suite d'un raid des Houthis sur son siège à Sanaa. Les employés ont été contraints de quitter le bureau et les caméras et serveurs de la banque ont été confisqués. La banque centrale houthie a accusé l'entreprise d'être impliquée dans des activités illégales telles que la spéculation sur les devises et la contrebande d'argent à l'étranger. La banque a fermement nié les allégations et a rouvert quelques jours plus tard, après que les Houthis ont quitté ses bureaux. Waled Al-Attas, professeur adjoint de sciences financières et bancaires à l'Université Hadramout, a déclaré à Arab News que les dernières mesures prises par les Houthis auront peu d'effet sur les opérations de la banque et que les rebelles essaient simplement de faire pression sur elle pour qu'elle s'y conforme. "Il n'y a pas d'influence directe sur la banque", a-t-il déclaré. "Ils voulaient obliger la banque à mettre en œuvre ce que veut le mouvement." Si les Houthis voulaient sérieusement fermer la banque, ils auraient confisqué les actifs de la banque à la banque centrale de Sanaa et fermé des succursales par la force, a ajouté Al-Attas. « La banque a mené ses opérations sans problème aujourd'hui », a-t-il déclaré. Citant une source au sein de la banque centrale houthie, le site d'information local Yemen Future a rapporté que les Houthis ont pris des mesures contre la banque après avoir refusé de geler le compte d'un Yéménite condamné. Dimanche, l'homme d'affaires local Mohammed Yahiya Al-Haifi a fait appel à Abdul Malik Al-Houthi, chef du mouvement Houthi, se plaignant que des Houthis armés avaient pris d'assaut son manoir à Sanaa après l'avoir accusé de travailler avec les Israéliens et d'avoir hébergé une cachette secrète au nom de de l'ambassade américaine. Il a accusé les dirigeants houthis d'avoir pris le contrôle de son manoir, de geler ses comptes bancaires et de le pousser à renoncer à ses propriétés et à ses entreprises sous prétexte qu'il était de connivence avec les États-Unis, Israël et la coalition arabe. « Ils m'ont accusé d'être un agent de l'Amérique et d'Israël et de travailler à l'agression contre le Yémen », a-t-il déclaré dans son appel. Les analystes ont déclaré que le ciblage d'Al-Haïfi faisait partie de la répression continue des Houthis contre les hommes d'affaires et les banques yéménites qui refusent de coopérer avec les efforts du mouvement pour financer ses activités militaires à travers le pays. Depuis leur arrivée au pouvoir à la fin de 2014, les Houthis ont confisqué les propriétés de centaines de politiciens, journalistes, militants des droits humains et militaires et responsables de la sécurité yéménites à Sanaa.