Liban: les médias interdits d'inviter l'ambassadrice des États-Unis pendant un an
2020-06-28 15:49:01
Au Liban, un juge des référés a décidé d'interdire durant un an à tous médias, libanais ou étrangers, audiovisuels ou écrits, d'interviewer l’ambassadrice des États-Unis, sous peine d’une forte amende. En cause : les sévères critiques adressées par la diplomate au Hezbollah dans une interview accordée à une chaîne de télévision panarabe.
Tout a commencé par une plainte envoyée par une jeune femme qui a estimé que l’ambassadrice des États-Unis à Beyrouth, Dorothy Shea, menaçait la paix civile et le vivre-ensemble au Liban. Le magistrat a rapidement réagi à cette plainte envoyée par mail, un jour de fermeture des tribunaux.
Mohammad Mazeh a estimé que les propos de la diplomate, qui accuse le Hezbollah d’empêcher toute solution à la crise économique, « portent sur des affaires intérieures libanaises et violent les usages et coutumes diplomatiques ».
Selon le juge, les prises de positions de l’ambassadrice « heurtent les sentiments de nombreux Libanais et constituent une incitation aux dissensions communautaires, confessionnelles et politiques ».
Dorothy Shea n’a pas tardé à réagir. Elle a déclaré que l'ambassade des États-Unis « ne sera pas réduite au silence » et a indiqué avoir reçu « des excuses de la part du gouvernement libanais ». Une information démentie par la ministre de l’Information.
Cependant, des sources du ministère des Affaires étrangères, citées par des médias locaux, ont estimé que « la décision du juge est contraire aux traités et conventions internationales ».
Cette affaire a provoqué une vive polémique dans le pays. Les réseaux sociaux se sont enflammés entre partisans et opposants à la décision du juge et les hommes politiques ont affiché à cette occasion leurs profondes divisions.