Venezuela : Nicolas Maduro se dit favorable à des élections législatives anticipées en 2019
2019-02-02 20:40:43
Le président vénézuélien Nicolas Maduro s’est déclaré samedi 2 février favorable à la tenue d’élections législatives anticipées dans le courant de cette année, alors qu’elles sont prévues en 2020 et que le Parlement est actuellement contrôlé par l’opposition.
L’Assemblée constituante, fidèle au pouvoir en place, appelle à « des élections législatives anticipées cette année (...) Je suis d’accord et je m’engage en faveur de cette décision », a déclaré Nicolas Maduro devant des milliers de partisans rassemblés à Caracas pour réaffirmer leur soutien au président élu.
Des milliers de manifestants de l’opposition défilaient également samedi à Caracas pour exiger que Nicolas Maduro cède le pouvoir au président autoproclamé Juan Guaido. Rassemblés à l’appel de M. Guaido, les partisans de l’opposition, portant des drapeaux du Venezuela, se sont réunis en cinq points de l’est de la capitale et ont commencé à marcher vers le siège de la représentation de l’Union européenne, dans le quartier de Las Mercedes. De leur côté, les partisans de Nicolas Maduro se sont rassemblés avenue Bolivar, dans le centre-ville.
Le choix de manifester samedi n’est pas anodin : c’est le jour anniversaire des 20 ans de la « révolution bolivarienne », du nom du héros de l’indépendance, Simon Bolivar. Cet anniversaire marque l’investiture, le 2 février 1999, du président socialiste Hugo Chavez (1999-2013), aujourd’hui mort et dont se réclame Nicolas Maduro.
Ralliement d’un officier de l’armée de l’airQuelques heures avant le début de ces manifestations, un général de division de l’armée de l’air a annoncé faire allégeance à Juan Guaido, alors que Nicolas Maduro compte sur le soutien déterminant des forces armées pour se maintenir au pouvoir. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, où il apparaît en uniforme, le général Francisco Yanez rejette « l’autorité dictatoriale » de Nicolas Maduro et « reconnaît le député Juan Guaido comme président ».
Se présentant comme directeur de la planification stratégique de l’armée de l’air, il est le premier militaire de ce rang à se rallier publiquement à M. Guaido. Jusqu’ici, seul un colonel, attaché de défense aux Etats-Unis, avait franchi le pas.
Lire l’entretien : Venezuela : « L’opposition veut une sortie de crise pacifique avec le gouvernement »La manifestation de l’opposition devant la représentation de l’Union européenne (UE) au Venezuela veut envoyer « un message à l’Union européenne » pour remercier « tous ces pays qui, très bientôt, vont nous reconnaître », a déclaré Juan Guaido, 35 ans, qui préside le Parlement, seule institution contrôlée par les adversaires de Nicolas Maduro. Ceux-ci jugent le second mandat de M. Maduro, entamé le 10 janvier dernier, illégitime car issu d’élections frauduleuses.
Alors que le Parlement européen a appelé jeudi, en reconnaissant l’autorité de M. Guaido, tous les pays de l’UE à faire de même, six d’entre eux (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont donné au chef de l’Etat vénézuélien jusqu’à dimanche pour convoquer des élections, faute de quoi ils reconnaîtront Juan Guaido comme président.
Soutenu par la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba, M. Maduro, 56 ans, rejette l’ultimatum européen et accuse les Etats-Unis d’orchestrer un coup d’Etat. « La rue et encore la rue pour défendre la patrie et la révolution », a lancé le dirigeant socialiste à ses partisans, qui se réuniront sur la place Bolivar, au cœur de Caracas et à 10 km du rassemblement adverse.
La tension grimpe à chaque appel à manifester au Venezuela. Une quarantaine de personnes ont été tuées et plus de 850 arrêtées selon l’Organisation des Nations unies depuis le début des mobilisations, le 21 janvier. En 2014 et 2017, deux vagues de protestations avaient fait quelque 200 morts.
Exode et inflation
Le Venezuela, pays aux énormes ressources pétrolières, a sombré économiquement et ses habitants souffrent de graves pénuries de nourriture et de médicaments, ainsi que d’une inflation galopante (10 000 000 % en 2019 selon le Fonds monétaire international), ce qui a contribué à faire chuter la popularité du dirigeant socialiste. Depuis 2015, quelque 2,3 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays.
AFP.