« Les chances de Donald Trump d’être réélu ne sont pas négligeables »
2019-02-07 05:21:51
Face au Congrès, le président américain Donald Trump s’est posé mardi 5 février en rassembleur, malgré les tensions politiques à Washington, alimentées par ses propos enflammés sur l’immigration. « Le programme que je vais présenter ce soir n’est ni républicain, ni démocrate. C’est celui du peuple américain », a-t-il ainsi déclaré. Donald Trump est affaibli après avoir perdu son pari sur le « shutdown », et semble privé de leviers pour imposer le financement de son « mur » de séparation avec le Mexique. Mais s’il parvient à élargir sa base, il conserve des chances sérieuses d’être réélu en 2020.
Lors d’un tchat, Gilles Paris, correspondant à Washington, a répondu à vos questions.
Mélissa : A votre avis, M. Trump aura-t-il assez de pouvoir pour construire son fameux mur ? A-t-il une chance ? Si non, qu’engendrerait cette défaite ?Gilles Paris : Les options sont limitées pour lui. Un second gel partiel du gouvernement fédéral à partir du 15 février semble exclu. Les républicains n’en veulent pas et il a été très coûteux pour le taux d’approbation du président. Les démocrates, après l’avoir contraint à céder au bout de 35 jours, ne sont pas disposés à lui faire cette faveur. Une déclaration d’état d’urgence nationale qui permet de contourner le Congrès susciterait également des remous chez les conservateurs, prompts à dénoncer les abus de pouvoir supposés de Barack Obama. Il ne l’a même pas mentionnée mardi soir, même s’il n’en a aucune autre à sa disposition.
Tri-lateralité : Donald Trump a-t-il des alliés au Mexique pour l’achèvement de son projet de mur ?G. P. : Aucun à ma connaissance, il a beau assurer que le nouvel accord de libre-échange avec le Mexique et le Canada contribuera à son financement a posteriori, en quelque sorte, ce que nient tous les spécialistes de ces échanges, les autorités mexicaines ont toujours assuré qu’elles ne verseraient pas le moindre peso.
Victor : J’ai entendu que Trump voulait se présenter pour un second mandat. Si tel est le cas, qui décide, coté républicain, s’il y aura une primaire ? Car beaucoup de républicains n’ont plus l’air de croire en lui…G. P. : Il entend effectivement se représenter, un comité de campagne est déjà constitué et une levée de fonds était d’ailleurs organisée mardi soir pendant le discours sur l’état de l’Union, au Trump Hotel de Washington. Des doutes commencent à s’exprimer au sein des républicains, mais ils concernent surtout la politique étrangère, qui n’est jamais la matière principale d’une campagne. L’épreuve de force sur le gel du gouvernement a montré que la majorité de la base républicaine était derrière le président, l’incitant à ne faire aucun compromis. Toutefois, si son taux d’approbation restait englué autour de 40 % et si une majorité de personnes interrogées exprimait sa volonté de ne pas voter pour lui, un espace pourrait s’ouvrir pour une primaire républicaine. Avec cependant très peu de chances de l’emporter pour un éventuel rival.
AFP.