« Sans ses fidèles du bout de la rue et ses joueurs, le football peut tout perdre »
2021-04-26 15:57:59
L’échec de la Super Ligue est un avertissement pour l’UEFA qui a encouragé un système de surenchère, quitte à se déconnecter des supporteurs, estiment Sylvain Kastendeuch et Philippe Piat, coprésidents de l’Union nationale des footballeurs professionnels.
Tribune. Le fiasco de la Super Ligue n’est pas la victoire de la Ligue des champions. Le revers subi par les douze [clubs] dissidents n’est pas non plus le succès de l’UEFA (Union des associations européennes de football, en anglais Union of European Football Associations) ; celle-là même qui, face aux menaces et au paroxysme du foot business, faute d’argument, d’autorité et de vision a pris les footballeurs en otage.
L’échec de cette ligue quasi fermée est d’abord le désastre de l’UEFA. C’est la mort d’un système de surenchère, déconnecté de l’âme du foot, qu’elle a permis et qu’elle a encouragé.
Une seule victoire est à retenir : le pouvoir de la base. Pour les promoteurs d’un football sans mérite et sans valeurs, cette victoire est une gifle. Pour l’UEFA, elle est un avertissement. Votre institution a chancelé. C’est la base qui vous a rattrapés. C’est la base qui vous a sauvés.
Le modèle porté n’est plus tenable. Le prix des billets, des maillots et de la multitude d’abonnements augmentent alors que les fans détournent le regard. Le « nouveau » modèle promu par les investisseurs avides et les entrepreneurs sans audace d’une ligue fermée, avant même d’exister, n’a pas trouvé sa clientèle en Europe. Les fans, les joueurs et les entraîneurs lui ont tourné le dos.
A tous ceux qui pensent que le foot doit gagner un public de consommateurs aux quatre coins du monde, la réponse est claire : il peut surtout tout perdre sans ses fidèles du bout de la rue. Le foot, c’est eux ! Ils le considèrent, ils l’aiment et le chérissent avec leur culture européenne de l’effort et du mérite.