Tchad : Albert Pahimi Padacké nommé premier ministre de transition
2021-04-26 16:37:40
Il sera à la tête d’un gouvernement dont les membres seront choisis et révoqués par Mahamat Idriss Déby, fils du défunt chef de l’Etat.
Albert Pahimi Padacké, dernier premier ministre d’Idriss Déby Itno, a été nommé chef du gouvernement de transition, lundi 26 avril, par le nouvel homme fort du Tchad, Mahamat Idriss Déby. Ce dernier, qui préside le Conseil militaire de transition (CMT), a également fait d’Idriss Youssouf Boy – un membre du cercle familial proche – son secrétaire particulier. Le poste de secrétaire particulier du président était jusqu’ici occupé par Hinda Déby, l’épouse d’Idriss Déby.
Vendredi, lors des funérailles du chef de l’Etat, mort au combat contre des rebelles, la France et les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, outre le Tchad), qui combattent ensemble les djihadistes dans cette région de l’Afrique, avaient appelé à un « processus de transition civilo-militaire ». Les principaux partis d’opposition, ainsi que les syndicats et la société civile, ont dénoncé la prise de pouvoir du fils d’Idriss Déby à la tête d’une junte militaire, un « coup d’Etat institutionnel » selon eux, et appelé à une « transition dirigée par les civils ».
Mahamat Idriss Déby est à la tête du CMT, composé de quinze généraux parmi les plus fidèles de son père. Il a promis des « élections libres et démocratiques » dans un an et demi. Général de corps d’armée âgé de 37 ans, il est également « le chef suprême des armées » et préside, outre le CMT, « le conseil des ministres » et « les conseils et comités supérieurs de défense nationale », selon la charte de transition.
« On lui souhaite beaucoup de réussite »
Albert Pahimi Padacké a occupé les fonctions de premier ministre de 2016 à 2018, date à laquelle M. Déby a fait supprimer ce poste pour concentrer dans ses mains tout le pouvoir exécutif. Selon la charte de transition, il sera à la tête d’un gouvernement de transition dont les membres seront nommés et révoqués par Mahamat Idriss Déby.
M. Pahimi Padacké était arrivé deuxième à la présidentielle du 11 avril, avec 10,32 % des voix, loin derrière le défunt président, réélu au premier tour pour un sixième mandat avec 79,32 % des suffrages. Durant la campagne présidentielle, il s’était présenté comme « indépendant » du pouvoir et de l’opposition, qui appelait au départ d’Idriss Déby. « Idriss Déby a montré son courage sur tous les fronts, j’en suis témoin. Un seul courage lui manque, celui d’accepter une passation pacifique du pouvoir », avait-il déclaré.
« Nous sommes dans une situation politique particulière, on va accompagner M. Pahimi Padacké. On lui souhaite beaucoup de réussite pour le Tchad. Il faut que tous les Tchadiens se rassemblent dans cette période difficile », a déclaré à l’AFP Saleh Kebzabo, opposant historique à Idriss Déby.
« Il aurait d’abord fallu passer par un président civil et ensuite nommer un premier ministre civil », a de son côté estimé Succès Masra, le président du mouvement d’opposition Les Transformateurs. Sa formation politique, via le collectif Wakit Tamma, composé de partis d’opposition et d’associations de la société civile, a appelé lundi les Tchadiens à « sortir massivement » mardi « pour exiger la démission du CMT et dénoncer l’ingérence négative de la France dans les affaires intérieures du Tchad ».