avec la deuxième étape du déconfinement, le retour des plaisirs minuscules
2021-05-19 06:48:14
Réouverture des terrasses et des lieux culturels, couvre-feu repoussé à 21 heures… A partir de mercredi, chacun compte retrouver un peu de légèreté dans sa vie de tous les jours.
Clémence trépigne. « J’en rêve, j’en bave, je la fantasme : ma bière pression en terrasse avec une clope et une copine. La pinte à emporter bue sur le trottoir avec le masque sous le menton… non merci », dit-elle. Mercredi 19 mai, le vœu de la Parisienne de 33 ans sera exaucé. Couvre-feu repoussé de 19 heures à 21 heures, réouverture des terrasses des bars et des restaurants ainsi que des lieux culturels, fermés depuis plus de six mois, retour des commerces « non essentiels » dont les portes sont restées closes depuis la fin du mois de mars…
Alors que débute en France la deuxième phase du déconfinement, chacun brûle de retrouver un peu de légèreté, à l’image de Clémence. « Je vais prendre mon temps, tremper mes lèvres dans la mousse et kiffer ! », savoure-t-elle d’avance. « J’ai prévu de passer ma journée au bistrot, du petit-déjeuner à l’apéro », annonce Philippe. Etudiant dans le Lot-et-Garonne, il prévoit même « de payer un coup à tous les copains qui passeront ».
Certes, ce n’est pas encore tout à fait le retour à la « vie d’avant », mais ça en a quand même un avant-goût, comme le montre la centaine de témoignages recueillis par Le Monde. Au moment où l’épidémie de Covid-19 ralentit et où la campagne de vaccination atteint les 20 millions de premières injections, cette nouvelle étape est l’occasion de renouer avec un ou plusieurs menus plaisirs du quotidien.
« Lieux magiques »
Ce qui vous a le plus manqué ? Les cafés et les bistrots – « l’expresso d’après déjeuner », « mon diabolo menthe du dimanche matin », « le verre de rosé, avec des glaçons » – mais, surtout, « les autres ». Ce que Cécile, 41 ans, va d’abord apprécier, c’est une « ambiance », une « musique de fond ». « Les conversations et les rires des tables d’à côté, les couverts qui s’entrechoquent, l’odeur des plats… Bref, sentir le monde autour de moi, à nouveau », résume cette habitante de l’Essonne. Jean-Paul partage ce sentiment. Ce Nantais considère que chaque demi de bière est « un maillon du lien social ». « Un verre en terrasse, c’est d’abord un moment partagé. Ça marche avec un Perrier, mais bon, c’est moins drôle… », souligne-t-il.
Pour beaucoup, ce n’est pas tant le moment qui importe que ce qu’il symbolise : un peu d’insouciance, la joie de profiter de l’instant présent. « Le café du vendredi matin entre copines, c’était un rituel depuis de nombreuses années. Il durait dix minutes ou une heure, on rigolait, on parlait du week-end à venir… C’est un bistrot de quartier sans charme, il n’a rien d’exceptionnel, mais il me manque beaucoup. Alors même si le 19 mai n’est pas un vendredi, on a déjà prévu d’y aller ! », raconte Laure, qui vit dans le 13e arrondissement de Paris.
Et puis il y a les passionnés de théâtre, les mordus de cinéma, les intoxiqués des musées. Pour eux, le lien social passe après le fait de pouvoir réinvestir ces « lieux magiques ». « Les gens, c’est facile, on peut les inviter chez nous. C’est bien plus compliqué de se rapprocher de l’émotion d’une salle de cinéma », affirme Esteban. Le jeune homme, étudiant à l’université de technologie de Belfort-Montbéliard, a déjà réservé sa place pour la première séance de mercredi. Marie, une Montreuilloise de 55 ans, a également hâte de retourner dans « ce cocon qui [lui] a tant manqué ». Pour cette institutrice, la première toile post-confinement aura « la saveur d’une friandise perdue et retrouvée. Ineffable. Enchanteresse ».