La mission spéciale des agents secrets « Rouslan Bachirov » et « Alexandre Petrov » en République tchèque

  • 2021-06-01 18:18:25
Les deux hommes, membres du GRU, étaient impliqués dans une tentative d’empoisonnement au Royaume-Uni. Ils sont accusés par Prague d’avoir fait sauter un dépôt de munitions en 2014. « C’est la seule fois de ma carrière où je suis rentré chez moi le soir en disant à ma femme : tu as presque été veuve aujourd’hui. » Jiri Ovesny, 56 ans, est chef depuis vingt-cinq ans de la petite caserne de pompiers de Valasske Klobouky, commune perdue dans les collines boisées des confins de l’est de la République tchèque, mais il n’oubliera jamais cette intervention du 16 octobre 2014. Ce jour-là, cet homme fin et calme est appelé « à 9 h 49 » pour « un feu dans le dépôt de munitions de Vrbetice », à 9 kilomètres de là. Près de sept ans plus tard, le pompier professionnel peut encore décrire avec minutie « la panique » du gardien qui leur a ouvert la grille du complexe de plus de 300 hectares appartenant à l’armée tchèque, en affirmant que deux salariés se trouvaient dans « l’entrepôt numéro 16 » en flammes. « L’absence de traces ou de bruits humains » venus de l’intérieur du bâtiment lorsqu’ils arrivent sur place. Et surtout « ces bruits de plus en plus intensifs d’explosion de munitions », dont les pompiers ignorent la nature exacte, mais qui les inquiètent immédiatement. « Face au danger, j’ai pris la décision de faire évacuer immédiatement les 60 pompiers présents. Une minute plus tard, une gigantesque explosion a retenti. Notre véhicule a bondi en avant. Si on était restés sur place, on serait probablement tous morts », assure le capitaine. Dans le complexe derrière lui, les fondations des anciens entrepôts partis en fumée et la carcasse vacillante de leurs voisins témoignent encore de la violence des explosions. Des munitions qui étaient auparavant stockées ici ne subsistent que quelques tas de débris : cartouches d’armes automatiques, coques d’obus, caisses de missiles, avec des inscriptions en russe et en anglais… à peine protégés par la grille rouillée et vieillissante de ce complexe militaire devenu, le 17 avril, le centre d’une incroyable affaire d’espionnage, impliquant la direction du renseignement militaire russe, le GRU. Ce samedi soir là, le premier ministre tchèque, Andrej Babis, crée une troisième déflagration dans cette petite commune de 1 500 habitants qui pensait avoir tout juste tourné la page avec le départ, en septembre 2020, des derniers démineurs chargés de nettoyer les débris projetés à des kilomètres à la ronde. Lors d’une conférence de presse convoquée en urgence à Prague, il annonce avoir obtenu, la veille, « des preuves irréfutables » que ce service russe est derrière l’explosion qui a tué les deux employés. Le GRU serait aussi très probablement derrière une seconde explosion survenue quelques semaines plus tard, en décembre 2014, et qui a, elle, soufflé l’entrepôt numéro 12, situé à quelques kilomètres, dans le même complexe.

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