« Le cœur lourd », le monde politique déplore la recrudescence des actes antisémites
2019-02-13 23:26:19
C’est une petite femme brune qui a tant pleuré que le moindre sourire éclairant son visage est un cadeau offert aux optimistes. Ruth Halimi vient de monter sur l’estrade installée dans les salons de l’hôtel Matignon. Pas longtemps, elle fuit l’exposition. Edouard Philippe comprend sa réserve. « S’exposer à la lumière, c’est parfois paradoxalement s’exposer à un monde peuplé d’ombres », souligne le premier ministre.
La mère d’Ilan Halimi, jeune homme séquestré et torturé à mort, en 2006, par le « gang des barbares », car juif et pour cela présumé riche dans l’esprit de ses meurtriers, veut néanmoins délivrer un message.
Ce mardi 12 février, des collégiens sont récompensés pour leur mobilisation contre les préjugés racistes et antisémites à l’occasion de la première édition du prix portant le nom de son fils. Le grand prix est allé à un projet du collège Clos-de-Pouilly à Dijon, pour un enseignement sur les génocides reconnus du XXe siècle, visant à éveiller la conscience de quatre classes d’élèves de troisième.
Le « cœur lourd » et « la rage au ventre »« Je voudrais remercier ces jeunes qui sont le futur de la France et vont donner un espoir, parce que pour l’instant l’espoir n’est pas très fort », souffle Ruth Halimi. L’antisémitisme, « ce mal constant et éternel on dirait », se fait sans cesse plus visible. « Qui aurait imaginé que la remise du prix Ilan-Halimi intervienne dans un tel contexte ? », interrogeait, peu de temps avant, l’écrivaine Emilie Frèche, présidente du jury.
Ce contexte, Edouard Philippe l’évoque le « cœur lourd » et « la rage au ventre » devant certains de ses ministres – Franck Riester (culture), Marlène Schiappa (égalité entre les femmes et les hommes), Gabriel Attal (jeunesse) – et un parterre de personnalités, parmi lesquelles Haïm Korsia, le grand rabbin de France, et l’avocat Pierre-François Veil, fils de Simone Veil.
Il y a d’abord les deux arbres plantés en mémoire d’Ilan Halimi, à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), qui ont été découverts vandalisés, lundi. Il y a aussi ces portraits de Simone Veil dessinés sur des boîtes aux lettres, à Paris, qui ont été recouverts de croix gammées ce week-end. Il y a, encore, la vitrine d’un restaurant Bagelstein – toujours dans la capitale – qui a été taguée du mot Juden, « juifs » en allemand. Il y a, enfin, ce chiffre, révélé lundi par le ministère de l’intérieur : + 74 %. Comme l’augmentation, sur un an, du nombre de faits à caractère antisémite enregistrés en 2018.
AFP.