Espagne : l'échec sur le budget pousse Sanchez à de nouvelles élections

  • 2019-02-13 23:35:05
Les partis indépendantistes catalans se sont alignés avec la droite pour barrer la route au projet de loi. Les socialistes dénoncent une erreur historique. Pari raté pour Pedro Sánchez. Le chef du gouvernement espagnol aura espéré jusqu'au bout faire voter son budget au Parlement. Mais le texte n'a pas passé le premier vote de barrage. Il a été rejeté mercredi, au Parlement, par l'opposition de droite et les partis indépendantistes catalans, avec 191 contre, 158 pour et une abstention. Sans marge de manoeuvre, sans alliés suffisants pour poursuivre, le gouvernement socialiste se trouve poussé vers la sortie, acculé à la convocation de nouvelles élections législatives. La presse espagnole évoque déjà l'hypothèse du 28 avril, ou encore celle du 26 mai, qui pourrait se transformer en un « super dimanche » avec la tenue conjointe d'élections européennes, législatives, régionales et municipales à la fois. On devrait avoir la réponse vendredi. Bras de fer avec les indépendantistes « C'est un budget bon pour les Espagnols et bon pour les Catalans », affirmait la ministre des Finances, Maria Jesus Montero, qui s'est battue avec véhémence pour défendre le texte. Ce mercredi, le vote avait lieu au Parlement mais la clef du budget se trouvait ailleurs, au tribunal de la Cour suprême où vient de s'ouvrir le procès de douze dirigeants indépendantistes jugés pour leur participation dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017. Les députés des formations indépendantistes (ERC, à gauche, et PDeCAT, à droite) avaient entamé depuis des semaines un bras de fer avec le gouvernement. Ils comptaient arracher, en échange de leur vote favorable, la reconnaissance du « droit à l'autodétermination » de la Catalogne, ainsi que des « gestes significatifs » en faveur des dirigeants jugés. Avec l'espoir de faire requalifier à la baisse les accusations du parquet, afin d'éviter le très lourd délit de rébellion passible de peines allant jusqu'à 25 ans de prison. Le gouvernement avait refusé ce marchandage , offrant le dialogue, « mais toujours dans le cadre de la Constitution », selon la vice-présidente, Carmen Calvo. « Si vous conditionnez l'approbation du budget à la reconnaissance du droit à l'autodétermination, alors ce budget est mort », prévenait la ministre des Finances, en essayant de convaincre les députés indépendantistes de faire marche arrière : « Ce gouvernement ne veut pas et ne peut pas négocier hors de la Constitution ». « Erreur historique » Ironie du sort, les deux groupes catalans ont donc voté mercredi aux côtés de la droite espagnole, contre les socialistes du PSOE qui leur tendaient la main. « Refuser le budget du seul gouvernement qui est disposé à s'asseoir pour dialoguer est une erreur historique », prévenait la porte-parole socialiste, Adriana Lastra, peu de temps avant le vote, en reprochant aux élus indépendantistes d'avoir manqué de courage et de s'être laissés entraîner par les partisans de la politique du pire. Dimanche dernier, le Parti populaire et les libéraux de Ciudadanos avaient manifesté, au côté du parti d'extrême droite Vox, en faveur de l'unité de l'Espagne, criant à la « traîtrise » de Pedro Sánchez accusé de capituler devant l'indépendantisme. La campagne électorale va donc s'ouvrir dans une ambiance tendue, alors que les derniers sondages donnent l'avantage à la droite. Ils indiquent que le PP et Ciudadanos pourraient gouverner ensemble, à condition de compter avec le soutien de Vox qui pourrait faire une entrée en force au Parlement, s'imposant comme appui indispensable pour les autres formations de droite, comme c'est déjà le cas en Andalousie. AFP.

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