En remplaçant son représentant à Hongkong, Pékin reconnaît son erreur
2020-01-05 17:19:07
Wang Zhimin paie le prix de plusieurs erreurs d’appréciation depuis le début du mouvement contestataire sur l’île. Le choix de son successeur indique que Pékin ne compte pas réduire son influence sur la région.
Deux mois avant la session annuelle du Parlement chinois, début mars, les autorités de Pékin ont fait tomber une première tête à Hongkong. Wang Zhimin, directeur du bureau de liaison avec Hongkong, a été démis de ses fonctions, a-t-on appris samedi 4 janvier. Le départ du plus haut représentant de la Chine continentale dans cette région administrative spéciale en proie depuis sept mois à une révolte sans précédent n’est pas une surprise.
Wang Zhimin, que l’on dit proche des milieux d’affaires hongkongais, n’a manifestement pas su anticiper le rejet massif qu’allait entraîner au printemps 2019 un projet de loi permettant les extraditions notamment vers la Chine. Circonstance aggravante : il semble bien que ce projet – abandonné en septembre 2019 – n’émanait pas du gouvernement local, comme la chef de l’exécutif local, Carrie Lam, et son entourage l’ont toujours affirmé, mais bel et bien du gouvernement central. Selon une enquête de l’agence Reuters, Pékin voulait pouvoir arrêter certaines personnes sans avoir à les enlever, comme ce fut le cas à plusieurs reprises ces dernières années.
Autre erreur d’appréciation de Wang Zhimin : celui-ci a maintenu les élections du 24 novembre 2019 dans les districts, convaincu, semble-t-il, qu’une « majorité silencieuse » de Hongkongais allaient voter pour des partis favorables à Pékin. L’inverse s’est produit. Au terme d’une élection marquée par une très forte participation, les candidats de l’opposition ont remporté dix-sept des dix-huit districts.