Nouveau massacre dans des villages dogon dans le centre du Mali
2020-07-04 17:02:16
Des hommes armés en tenue de combat et montés sur des pick-up ont attaqué quatre villages et des soldats, faisant au moins quarante morts civils et militaires.
L’attaque de villages dogon du centre du Mali, livrés pendant des heures à la rage meurtrière d’hommes armés, puis une embuscade contre les soldats maliens ont fait au moins quarante morts civils et militaires.
Les événements survenus mercredi 1er et jeudi 2 juillet dans le secteur de Bankass, près de la frontière du Burkina Faso, illustrent une fois de plus le cycle de violences djihadistes et communautaires au Sahel et au Mali, malgré l’intervention de forces onusiennes, africaines et françaises.
Le centre du Mali, et notamment cette région de Mopti – la grande ville à quelque 600 kilomètres de la capitale Bamako –, est l’un des principaux foyers des violences parties du Nord en 2012 et qui se sont propagées depuis 2015 vers le sud du pays, mais aussi au Burkina Faso et au Niger voisins. Elles sont, dans cette région, le fait de groupes armés – parfois « d’autodéfense » – et djihadistes, opposant aussi les communautés.
Montés sur des pick-up
C’est dans le même secteur de Bankass qu’une trentaine de villageois avaient été tués en février à Ogossagou, où 160 civils avaient déjà été massacrés le 23 mars 2019 – il s’agissait alors de Peuls, et non de Dogon comme cette fois. On ignore, pour l’instant, qui est derrière ces nouveaux carnages.
Mercredi, des hommes armés en tenue de combat et montés sur des pick-up ont attaqué quatre villages dogon, où ils ont semé la mort du milieu de l’après-midi jusqu’au début de la nuit, a affirmé, vendredi, un responsable local joint par téléphone et s’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour des raisons de sécurité.
L’attaque a fait « au moins 30 morts, dont des femmes, des enfants, des vieillards [et] de nombreux disparus », a-t-il dit. Un haut représentant de l’administration s’exprimant lui aussi sous le couvert de l’anonymat a fait état d’actes « barbares ». Une organisation de défense des Dogon a accusé les Peuls, sans que rien ne permette de corroborer de manière indépendante ces accusations.
Les différents comptes rendus retracent un déroulement familier, avec des assaillants traquant des villageois livrés à eux-mêmes, incendiant cases et greniers et pratiquant le pillage. Le premier poste militaire se trouve à des kilomètres de là, à Sokoura. « De 15 à 21 heures, personne n’est venu à notre secours. Je déplore l’inaction de l’armée qui est toujours en retard et n’affronte jamais les bandits, même si on leur dit où [ils] se logent », a témoigné auprès de l’AFP Youssouf Tiessougue, notable de Gouari, l’un des villages.
Un détachement s’est rendu sur place le soir même et a participé à l’enterrement de 31 corps avant de repartir, a fait savoir le porte-parole de l’armée, le colonel Diarran Koné. L’armée a de nouveau été dépêchée sur place le lendemain à la suite d’informations sur une nouvelle attaque, a-t-il précisé.