Au Brésil, un président Jair Bolsonaro apaisant et assagi s’essaie à la conciliation
2020-07-05 19:05:21
Le dirigeant d’extrême droite a nommé un nouveau ministre de l’éducation, Renato Feder, chef d’entreprise et conservateur, considéré comme un profil technique et accommodant.
Aurait-il décidé de mettre un peu d’eau dans sa cachaça ? Depuis quelques semaines, Jair Bolsonaro a décidé de changer de registre. Apaisant, conciliant – et bien plus silencieux qu’à l’ordinaire –, le président d’extrême droite et trublion hors pair a étonnamment adouci son discours. Une première depuis le début de son mandat.
Pour preuve : la nomination, ce vendredi 3 juillet, d’un nouveau ministre de l’éducation. Afin de remplacer le très polémique Abraham Weintraub, le chef de l’Etat a opté pour une personnalité plus consensuelle, en la personne de Renato Feder. Chef d’entreprise dans l’informatique, ce dernier occupait jusqu’alors les fonctions de secrétaire à l’éducation de l’Etat du Parana (Sud).
Conservateur, favorable à l’éducation privée, M. Feder est néanmoins considéré par les observateurs comme un profil technique et accommodant, à l’image d’un autre ministre, Fabio Faria, nommé en juin au portefeuille de la communication. Les deux hommes, qui ont tous les deux 42 ans, et appartiennent au centrao, ce ventre mou du Parlement brésilien, symbole de l’« ancien monde », avec lequel Bolsonaro s’est résolu à gouverner.
« Défendre la démocratie »
Cette nomination n’en a pas moins été mouvementée. Le premier choix de Jair Bolsonaro s’était porté, le 25 juin, sur Carlos Decotelli, économiste et premier Noir à intégrer le gouvernement d’extrême droite. Mais celui-ci, accusé de plagiat et de mensonge sur la plupart de ses titres universitaires, a été poussé à la démission au bout de seulement cinq jours, sans même avoir pu prêter serment.
Tout cela n’a pas ralenti la mue apparente de M. Bolsonaro. Fini les menaces de coup d’Etat et les déclarations à l’emporte-pièce sur le coronavirus. Le président prêche désormais la « coopération » ainsi que la « paix et l’harmonie » entre les pouvoirs. « Notre mission et la mission des forces armées est de défendre la patrie et de défendre la démocratie », est allé jusqu’à déclarer le chef de l’Etat, le 21 juin.
Quelques jours plus tard, lors d’une intervention en direct diffusée sur les réseaux, M. Bolsonaro surprend à nouveau en rendant – enfin – hommage aux victimes du coronavirus, qui a fait plus de 63 000 morts au Brésil. Le 30 juin, le président débloque une aide d’urgence de 3 milliards de reais (500 millions d’euros) à destination du monde de la culture – un secteur jusque-là méprisé et attaqué comme aucun autre.